Six saisons, 86 épisodes et 18 Emmy Awards. Récemment achevée, la série Les Soprano est encore une production HBO (à l'instar de Six Feet Under) et un formidable succès critique et public. Illustration, heureusement, qu'il est encore possible d'être créatif, intelligent, et d'avoir du succès, même à la télévision.
Lancée en 1999, Les Soprano raconte l’histoire de Tony Soprano, chef de la mafia italo-américaine du New Jersey. Loin d'être une resucée du Parrain ou des oeuvres mafieuses de Scorcese, la série va plus loin : ledit Tony est en proie à de graves crises existentielles qu’il confie, non sans réticence, à sa psy, le Dr. Jennifer Melfi (Lorraine Bracco). Et bien entendu, hors de question d'exhiber à son équipe sa déprime, ni les visites au psy lors des crises de panique : trop risqué.
Comme les autres productions HBO, la série a également introduit une forme de réalisme dans les fictions américaines. Les Soprano est diffusée sur le câble, bien loin des carcans moralisateurs des chaînes hertziennes : les personnages peuvent donc être grossiers et violents. Le personnage principal est d'ailleurs un anti-héros chargé d'ambiguïté : bien qu'étant par ailleurs un criminel de profession, il s’intéresse aux documentaires historiques et porte une affection toute particulière aux canards. Et c'est un bon père de famille. Et puis, la grande réussite des Soprano réside à montrer et dire les petits riens, la vie de tous les jours : les enfants qui grandissent, les parents qu'on déteste. La mafia n'est qu'un prétexte. Ce dont on parle vraiment, c'est du quotidien d'une famille à problème(s), avec des "personnages (...) provinciaux et plutôt limités" : "ils n'essaient pas d'accomplir grand-chose à part rester en vie et gagner beaucoup d'argent ; ils ne voyagent guère, ne lisent pas plus, restent tout le temps dans leurs mêmes quartiers ; il n'y a pas de crime ou de grosse opération mafieuse à chaque épisode», comme le résume l'auteur David Chase (extrait du magazine Vanity Fair).
Si vous ne connaissez pas encore la série, précipitez-vous. Outre qu'elle est au moins aussi brillante que par exemple Six Feet Under, vous la dégusterez pour diverses raisons, et notamment :
- pour le grand tourment des Soprano, menacés par la dépression ou l'anxiété : le mensonge. Les personnages mentent à la société (officiellement, Tony et ses acolytes s'occupent de retraitement d'ordures, même s'ils sont constamment filés par le FBI) ; les hommes mentent à leurs femmes à propos de leurs maîtresses ; les épouses se mentent à elles-mêmes de ne rien voir ; les enfants dissimulent presque tout à leurs parents ; les mafieux de Tony ne cessent d'enfumer les mafieux des autres clans, qui le leur rendent bien.
- pour la représentation quotidienne, anti-glamour, de la mafia italo-américaine. Le personnage principal, Tony Soprano, est doté d'un embonpoint et d'une calvitie avancés, d'une voix nasillarde de canard et d'une respiration de tuberculeux ; sa femme, Carmela, porte des tenues «nouveau riche» toujours plus drôles ; la plupart des enfants et adolescents de la série affichent un net surpoids ; les hommes de Tony se disputent l'honneur d'être le plus moche/violent/buté/gros/vieux, à tel point que toutes les chaînes hertziennes américaines refusèrent le projet à la fin des années 90, réclamant «des Italiens jeunes et sexy, pas des cinquantenaires adipeux sous Prozac», raconte un collaborateur de David Chase.
Les Soprano : sans doute une des plus grandes séries jamais écrites pour la télévision. Critiques, spécialistes de cinéma et d'art contemporain (la série a eu droit à une exposition au MoMA new-yorkais) s'accordent à la placer au même niveau que les grands oeuvres de Coppola ou Scorsese, entre le (s) Parrain (s) et les Affranchis, c'est dire...
Lancée en 1999, Les Soprano raconte l’histoire de Tony Soprano, chef de la mafia italo-américaine du New Jersey. Loin d'être une resucée du Parrain ou des oeuvres mafieuses de Scorcese, la série va plus loin : ledit Tony est en proie à de graves crises existentielles qu’il confie, non sans réticence, à sa psy, le Dr. Jennifer Melfi (Lorraine Bracco). Et bien entendu, hors de question d'exhiber à son équipe sa déprime, ni les visites au psy lors des crises de panique : trop risqué.
Comme les autres productions HBO, la série a également introduit une forme de réalisme dans les fictions américaines. Les Soprano est diffusée sur le câble, bien loin des carcans moralisateurs des chaînes hertziennes : les personnages peuvent donc être grossiers et violents. Le personnage principal est d'ailleurs un anti-héros chargé d'ambiguïté : bien qu'étant par ailleurs un criminel de profession, il s’intéresse aux documentaires historiques et porte une affection toute particulière aux canards. Et c'est un bon père de famille. Et puis, la grande réussite des Soprano réside à montrer et dire les petits riens, la vie de tous les jours : les enfants qui grandissent, les parents qu'on déteste. La mafia n'est qu'un prétexte. Ce dont on parle vraiment, c'est du quotidien d'une famille à problème(s), avec des "personnages (...) provinciaux et plutôt limités" : "ils n'essaient pas d'accomplir grand-chose à part rester en vie et gagner beaucoup d'argent ; ils ne voyagent guère, ne lisent pas plus, restent tout le temps dans leurs mêmes quartiers ; il n'y a pas de crime ou de grosse opération mafieuse à chaque épisode», comme le résume l'auteur David Chase (extrait du magazine Vanity Fair).
Si vous ne connaissez pas encore la série, précipitez-vous. Outre qu'elle est au moins aussi brillante que par exemple Six Feet Under, vous la dégusterez pour diverses raisons, et notamment :
- pour le grand tourment des Soprano, menacés par la dépression ou l'anxiété : le mensonge. Les personnages mentent à la société (officiellement, Tony et ses acolytes s'occupent de retraitement d'ordures, même s'ils sont constamment filés par le FBI) ; les hommes mentent à leurs femmes à propos de leurs maîtresses ; les épouses se mentent à elles-mêmes de ne rien voir ; les enfants dissimulent presque tout à leurs parents ; les mafieux de Tony ne cessent d'enfumer les mafieux des autres clans, qui le leur rendent bien.
- pour la représentation quotidienne, anti-glamour, de la mafia italo-américaine. Le personnage principal, Tony Soprano, est doté d'un embonpoint et d'une calvitie avancés, d'une voix nasillarde de canard et d'une respiration de tuberculeux ; sa femme, Carmela, porte des tenues «nouveau riche» toujours plus drôles ; la plupart des enfants et adolescents de la série affichent un net surpoids ; les hommes de Tony se disputent l'honneur d'être le plus moche/violent/buté/gros/vieux, à tel point que toutes les chaînes hertziennes américaines refusèrent le projet à la fin des années 90, réclamant «des Italiens jeunes et sexy, pas des cinquantenaires adipeux sous Prozac», raconte un collaborateur de David Chase.
Les Soprano : sans doute une des plus grandes séries jamais écrites pour la télévision. Critiques, spécialistes de cinéma et d'art contemporain (la série a eu droit à une exposition au MoMA new-yorkais) s'accordent à la placer au même niveau que les grands oeuvres de Coppola ou Scorsese, entre le (s) Parrain (s) et les Affranchis, c'est dire...
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