mercredi 15 septembre 2010

Le pif de Tamara Drewe

Petite merveille que la comédie pastorale de Tamara Drewe, vous savez, le tout récent film de Stephen Frears... Tout et tout le monde en prend pour son grade dans cette oeuvre au vert qui a quelque chose du Théorème de Pasolini, en plus joyeux. Assis tout autour d'une table dans un charmant cottage, en apparence véritable petit coin de paradis bourgeois, les écrivains y sont, avec une cruauté exquisement britannique, montrés comme de parfaits inadaptés : on n'oubliera pas de sitôt cet Américain chauve, bedonnant et compassé qui, après tant d'autres, comme on le lui fait charitablement remarquer, prépare « son » essai sur Thomas Hardy et qui jalouse le maître des lieux, Nicholas Hardiment, auteur à succès infatué, flatulent et coureur de jupons. Pas plus qu'on n'oubliera les vacheries de ces dames qui voient arriver Tamara Drewe, beauté fatale au nez tout juste refait qui vient faire chavirer les hommes et les maris... Pleine d'un humour réellement « vache » (au sens propre du terme - mais on n'en dévoilera pas le gag final), cette oeuvre inspirée d'une BD de Posy Simmonds et de Loin de la foule déchaînée de Thomas Hardy se déchaîne avec élégance et ironie contre la tyrannie des apparences. Le moins qu'on puisse dire est qu'il y a des victimes... Comme disait Blaise Pascal au sujet d'un autre blaire : « Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé ».

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