mardi 12 novembre 2013

Quai d'Orsay

Il faut aller voir le dernier film du cinéaste Bertrand Tavernier, Quai d'Orsay.

Soit une comédie pétillante d'intelligence et d'ambivalence, aux dialogues affûtés et brillants comme c'est rarement le cas, qui donne à voir les rouages du fonctionnement de notre république (de notre démocratie ?), et comment s'élaborent, malgré tout, collectivement, dans la confrontation, dans le désordre et le n'importe quoi, une pensée et une action politique, que synthétisera et même incarnera, in fine, la personne charismatique, la tête d'affiche, à savoir le ministre. La référence récurrente au philosophe Héraclite, cité à tout bout de champ par le ministre joué par Thierry Lhermitte, pourra sembler farfelue. Pourtant, derrière la pantalonnade dont Tavernier n'est pas dupe, derrière la surface, derrière le masque autosatisfait, derrière le "moi, moi, moi" permanent du beau gosse qui s'écoute parler, l'acteur ministre ne se contente pas de dire un texte élaboré par ses conseillers : à un moment donné, historique (le discours de l'Onu), il livre une vision, en hauteur - en auteur aussi, inspiré et inspirant. Mention particulière à Niels Arestrup en directeur de cabinet qui en a vu d'autres et qui ronronne comme un vieux chat...