jeudi 14 février 2008

Robert et tous ses amours


Samedi 26 janvier était organisée à la Fnac Marseille une rencontre avec le cinéaste (marseillais) Robert Guédiguian. La biographie qui vient de lui être consacré, Conversation avec Robert Guédiguian, par Isabelle Danel, fournissait le cadre et l’occasion de cette rencontre. Très affable, et même très sympathique, « avé l’assent », le cinéaste a évoqué Marseille, son travail, ses comédiens, ses engagements, etc. On a d’abord appris que son prochain film, Lady Jane (qui évoque une chanson des Rolling Stones des années soixante, a noté l’intervieweuse, et c’est d’ailleurs à cette époque que se situe l’histoire), est une incursion dans un nouveau genre, « le polar noir ». L’occasion d’une allusion – discrète – à notre actualité lorsque Guédiguian a évoqué « l’époque de confusion actuelle ». Il a évidemment été question de ses engagements, qu’il a résumés en se disant concerné par le sort d’autrui : « Il y a des gens qui ne veulent pas se mêler de la vie des autres, c’est leur droit, je ne le leur reproche pas, a-t-il dit, mais moi, j’ai envie de m’en mêler, je me sens concerné quand il se passe quelque chose ». Quid de la récurrence des mêmes comédiens de film en film ? Pour Guédiguian, l’appel à la même équipe d’acteurs dans tous ses films - Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin – est imputable à l’alchimie relationnelle particulière entre ces acteurs. Pour le cinéaste, il se passe en effet toujours quelque chose entre eux : « La scène peut être mal écrite, les dialogues n’avoir aucun intérêt, la relation entre ces acteurs est telle qu’il se passe toujours quelque chose, et c’est ça qui m’intéresse ». Une personne dans le public lui a demandé s’il filmait Marseille pour faire de la publicité à la ville ? Non, Guédiguian ne filme pas Marseille pour faire de la publicité, il la filme d’ailleurs parfois sans fards (La ville est tranquille), mais pour lui, citant le socialiste allemand August Bebel, « il vaut mieux parler en mal d’une chose que de ne pas en parler du tout ». En conclusion de cet échange intelligent et chaleureux, Guédiguian a résumé sa vision de l’identité, notion actuellement à la mode (… Hortefeux), lui qui se définit tout à la fois comme marseillais, français, arménien, communiste, etc. : « Je pense que c’est mieux d’avoir plusieurs identités et de ne pas être réduit à une seule ».